LA FORCE DE POURIM
Du temps du Ba’al Chem Tov, un décret très difficile devait s’abattre sur le peuple d’Israël. Le Ba’al Chem Tov convoqua ses élèves et leur dit : « Allez vite dans telle ville, chez untel. Demandez-lui de prier que nous soyons épargnés de tout décret, que nous soyons épargnés des pires choses. » Les élèves du Ba’al Chem Tov se rendirent à l’endroit en question et cherchèrent jusqu’à ce qu’ils trouvèrent la maison que le Ba’al Chem Tov leur avait indiquée.
Ils entrèrent et virent un homme totalement ivre. Impossible de lui parler. Ils s’approchèrent et essayèrent de le réveiller. Les élèves ne comprenaient pas. Leur maître, saint des saints, le Ba’al Chem Tov, les avait envoyés ici chez un ivrogne. Comment cet homme pourrait-il sauver le peuple d’Israël et d’un décret tellement difficile ? Ils tentèrent encore de le réveiller, attendirent une heure puis une autre; l’homme était totalement endormi dans le vomi et le vin.
Ils réussirent finalement à le réveiller et lui dirent : « Bénis-nous, prie pour le peuple d’Israël. » L’homme les repoussa : « Laissez-moi tranquille, ne me dérangez pas ! » Ils insistèrent avec force, encore et encore, jusqu’à ce qu’il accepte de les écouter. Il leur demanda : « Qu’est-ce que vous voulez ? » Ils lui demandèrent de prier qu’il n’y ait pas de mauvais décret. L’homme se leva et pria après quoi, les élèves retournèrent chez le Ba’al Chem Tov. Le décret avait été annulé. Les élèves questionnèrent leur maître : « Rabbi, cet homme est un ivrogne, pourquoi nous avez-vous envoyés chez un ivrogne ? En quoi peut-il aider ? »
Le Ba’al Chem Tov leur dit : « Je vais vous raconter qui est cet homme. C’était un grand commerçant, il avait de nombreuses affaires et possédait beaucoup d’argent. Un jour, il décida de vendre tout ce qu’il possédait, de prendre l’argent en espèces et d’aller pour quelques mois ou un an commettre tous les péchés qui existent au monde : des mauvaises mœurs, de mauvaises actions, etc. Il mit son plan à exécution. Sur son chemin, il entendit soudain des pleurs terribles et décida d’aller voir quelle était cette détresse. Il entra et vit le corps d’un homme jeté par terre, sa femme assise près de lui et sept enfants qui pleuraient : « Papa est mort ». Il leur dit : « Mais pourquoi ces hurlements terribles ? » La veuve dit : « Mon mari est mort, je n’ai pas d’argent pour l’enterrer. Et comment vais-je subvenir aux besoins des enfants ? » Il n’avait jamais vu une telle détresse. Sa pitié s’émut, il prit tout l’argent qu’il avait, le fruit de toute une vie de travail et le remit à la veuve : « Voici, prends cet argent et utilise-le comme tu l’entends. Tu as de quoi subvenir à tes besoins jusqu’à la fin de tes jours, de quoi enterrer ton mari, de quoi subvenir aux besoins des enfants, de quoi les marier … C’est une somme énorme. »
Le Ba’al Chem Tov dit : » Les cieux furent ébranlés par l’action de cet homme. Et D. décida dans le Tribunal Céleste que tout ce que cet homme demanderait lui serait accordé. Il avait accompli une action tellement grande, que toutes ses requêtes seraient immédiatement exaucées. »
Le Ba’al Chem Tov poursuivit : « Les anges célestes se levèrent immédiatement et s’opposèrent : ‘Maître du monde, cet homme est un impie, il commet des péchés. Si tout ce qu’il demande lui sera accordé, il va demander de mauvaises choses et causer une grande destruction dans le monde, ce n’est pas bien ! » Le Ba’al Chem Tov leur révéla que D. décida finalement que tout ce qu’il demanderait lui serait accordé mais qu’il tomberait dans l’ivresse.
Ainsi, cet homme commença à boire. Il dégringola dans l’ivresse et devint un grand ivrogne, passant ses journées à boire. Dès lors, cet homme ne demandait plus ni argent ni or mais seulement du vin. Toute sa vie tournait autour du vin. Pourquoi? Car autrement, il aurait pu demander des choses dangereuses, des choses négatives. C’était un compromis du Ciel. Tout lui serait accordé mais tout tournerait autour du vin qu’il voudrait boire, qu’il avait l’habitude de boire. « C’est pourquoi », dit le Ba’al Chem Tov, « seul lui pouvait annuler le décret. Seule sa bouche pouvait prier et annuler le décret et c’est la raison pour laquelle je vous ai envoyés chez lui. »
Le Beth Israël décrit ainsi la force de Pourim. Pourquoi a-t-on une mitsva de boire à Pourim et de s’enivrer au point de ne plus distinguer entre maudit soit Hamane et béni soit Mordé’hai ? Le ‘Hakham Tsvi dit même que l’homme doit boire jusqu’à ce qu’il arrive un instant avant la mort, pourquoi? Parce que Pourim, dit le Beth Israël, possède une force extrêmement grande : ce que l’on demande, l’on peut le recevoir du Ciel. Mais D. ne veut pas que les gens demandent des choses pas bonnes, des choses vides. C’est pourquoi, Il ordonna de boire à Pourim autant qu’il est possible de telle sorte que l’homme ne demandera pas des choses qu’il ne faut pas demander. Et quiconque ne boit pas n’accomplit pas la mitsva du jour et par conséquent, le Ciel ne répondra pas à ses demandes. Aussi, l’homme a-t-il la mitsva de boire à Pourim et par ce biais, une très grande force est présente comme dans l’histoire du Beth Israël sur le Ba’al Chem Tov.
Rav Yochiahou PINTO
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