Dans de nombreuses communautés, on a coutume d’aller à un point d’eau, le premier jour de Roch hachana – la mer, un fleuve, une source – et de dire certains versets, parmi lesquels : « Il nous prendra de nouveau en miséricorde, recouvrira nos iniquités ; et Tu jetteras dans les profondeurs de la mer toutes leurs fautes » (Michée 7, 19). C’est pourquoi cette prière se nomme Tachlikh (« Tu jetteras »). Au fil des générations, nombreux furent ceux qui ajoutèrent à cette occasion d’autres passages et prières.
La coutume de Tachlikh a son origine à l’époque des Richonim d’Allemagne. Au cours des générations, elle devint courante, parmi les Séfarades également, en particulier après que Rabbi Isaac Louria (le saint Ari) en eut fait l’éloge. Certes, il n’y a pas d’obligation à l’accomplir ; et l’on voit, en pratique, que certains grands maîtres d’Israël n’en avaient point l’usage (le Gaon de Vilna, Rabbi Haïm de Volozhin) ; c’est aussi le cas des originaires du Yémen, dans leur majorité. Certains ‘Hassidim l’accomplissent un des jours profanes qui suivent Roch hachana.
Quant à la signification de cette coutume : certains auteurs écrivent qu’elle vise à rappeler l’esprit de sacrifice de nos pères Abraham et Isaac, qui, au moment où ils cheminaient vers le lieu de la ligature, passèrent près d’un ruisseau ; soudain, le ruisseau submergea leur chemin, afin de les mettre à l’épreuve (Maharil). De plus, l’eau fait référence à la pureté et à la vie ; quand une personne s’éveille à la téchouva, elle est purifiée et se nettoie, ses péchés sont annulés dans des eaux pures. En outre, cette cérémonie exprime la prière que l’Éternel rejette dans les profondeurs de la mer les accusateurs, qui ont été créés par le biais de nos fautes, de manière qu’il n’en subsiste plus de souvenir. Certains ont l’usage de secouer les bords de leur vêtement, quand ils récitent le mot Tachlikh, pour faire allusion au fait que les fautes sont extérieures à nous : ce n’est qu’à la suite d’influences étrangères que nous y avons succombé, mais en vérité, nous nous dégageons de cela.
Dans leur majorité, les femmes n’ont pas coutume d’aller à Tachlikh ; certains auteurs disent qu’il est même préférable qu’elles ne le fassent point, afin qu’il ne s’ensuive pas de promiscuité entre hommes et femmes au moment d’aller à un point d’eau (Elef Hamaguen 598, 7). Quoi qu’il en soit, les femmes qui voudraient pratiquer cette coutume y sont autorisées.
Quand il n’est pas possible d’aller à un point d’eau, on a l’usage de réciter Tachlikh près d’un puits, ou du bain rituel (miqvé). S’il est possible de voir la mer ou le ruisseau de loin, certains ont l’usage de réciter le texte ainsi.
Rav Eliézer Melamed
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