CHAVOUOT : LE TREMPLIN POUR L’ANNÉE
Chavouot… Cette magnifique fête du Don de la Torah est bien connue pour ses coutumes culinaires assorties de mets lactés : du gâteau au fromage chez les uns au couscous
au beurre chez les autres …Cependant un examen en profondeur dans les sources de la Torah et de nos maîtres les commentateurs nous ouvre toute une autre dimension à ce
jour si important et extraordinaire de l’année juive.
Dans le Talmud (traité Pessahim 68b ) est relaté que Rav Yossef un des grands maîtres de la guemara demandait à sa famille que pour la fête de Chavouot on lui prépare un des
plus succulents plat en expliquant ainsi ‘’ S’il n’y avait pas eu ce jour qui a entraîné (de me changer) j’aurais était un simple Yossef parmi tous les autres Yossef du marché…’’ Rachi (notre célèbre exégète de France) d’expliquer’’ j’ai étudié la Torah et je me suis élevé’’. C’est-a-dire que ce jour qui marque le Don de la Torah a influencé tellement sa vie que par l’étude de celle-ci il s’est senti grandi ; ce qui nécessite d’honorer convenablement cette fête.
Justement à ce propos le Talmud nous précise que bien qu’il existe une discussion rabbinique quand à comment planifier les jours de fêtes tous les avis sont unanimes que pour Chavouot il faut trouver du temps dans la fête pour l’honorer matériellement en se réjouissant par la nourriture et la boisson.
Ces passages méritent d’être bien compris : En effet pourquoi cette fête qui marque le Don de la Torah, ce qui est totalement spirituel, doit nécessairement convenablement être marqué par de la nourriture ce qui est totalement matériel.
N’aurais-t-il pas était plus juste à s’adonner totalement à l’élévation spirituelle ce jour-ci ?
Bien que de nombreuses réponses aient été données à cette interrogation, retenons cependant celle du Kedouchat Lévi: Précisément pour nous démontrer une notion
essentielle de la Torah : nous devons réjouir aussi notre corps à Chavouot, car ceci nous prouve que l’étude de la Torah n’est pas là seulement pour nous apporter une immense
récompense dans le Monde futur mais aussi et surtout nous adoucir et réjouir notre vie même dans ce monde de matérialité.
Un homme, une femme, personne âgée, enfant ou adolescent qui s’adonne un temps soi peut à découvrir le Message Divin y dévoilera une nouvelle dimension à sa vie avec des valeurs éternelles et des vérités qui l’aideront à se repérer dans un monde où la raison n’a pas toujours le dessus et les valeurs disparaissent peu à peu. Sans parler des promesses de Hachem des récompenses dans ce bas-monde que mérite l’être humain pour l’étude et l’accomplissement de la Torah :’’ Grande est la Torah car elle donne la vie dans ce monde et dans le monde futur comme dit le verset ‘’Elle porte la longévité en sa droite et en sa gauche la richesse et l’honneur’’ (Pirké Avot 6,7).
Le Roi David , roi d’Israël a qui aucun plaisir n’était caché n’a-t-il pas écrit :‘’(les enseignements de la Torah) sont plus désirables que beaucoup d’or fin … plus doux que le
miel …’’ (Téhilims 19,11)et le Rav Kouchilevski d’expliquer que précisément le roi David tenait à comparer la Torah au miel et à l’or pour bien nous montrer que c’est n’est pas que
l’âme qui s’en réjouit mais aussi le corps ! Pouvons-nous comparer à quoi que ce soit le bonheur d’être assis le chabbat autour d’une table en famille en fredonnant quelques chants du chabbat dans un esprit de sérénité et de repos du corps et de l’âme. Où retrouvons nous ceci dans un monde où plus personne n’a de temps pour l’autre …
C’est bien ceci que Rav Yossef voulait fêter dignement : ce jour où se renouvelle chaque année le Don de la Torah. Toutun-chacun a sa propre part dans la Torah nous disent nos
Sages et lorsque Rav Yossef s’y ait adonné il a senti combien la Torah l’a élevé tant au niveau spirituel que matériel.
Un de mes maîtres lorsque j’étais à la Yéchiva de Gateshead en Angleterre, le Rav Kaufman za’’l nous disait : rien ne sert de s’allonger en explications sur la beauté de la Torah il suffit
juste de l’étudier et chacun pourra le découvrir tout seul ‘’Goûtez et voyez que bon est Hachem…’’! ( Téhilims 34, 9).
Ceci explique aussi la coutume de consommer des mets lactés à Chavouot : la Torah est comparée au lait qui non seulement apaise la soif mais aussi revigore avec les qualités
nutritionnelles qu’il renferme. Ainsi est la Torah elle sait combler notre soif d’apprendre mais nous donne aussi toutes les vitamines nécessaires pour surmonter les épreuves de la
vie.
Cette fête juive qui clôture les 49 jours de préparation par le compte du omer (bravo si vous n’avez pas raté un jour…) nous permet de prendre conscience du cadeau qu’Hachem nous a donné et combien il peut nous aider tout au long de notre vie.
Quelle belle image de voir ce soir de la veillée de Chavouot ces milliers d’élèves de Yéchiva qui s’adonnent toute la nuit à l’étude pour terminer dans la joie et l’allégresse au petit
matin avec des chants et danses. Il est rapporté dans le livre du Rav Karlenchtein zal que pendant la fête de Chavouot il est possible même de changer pour le bien le jugement de Roch Hachana, nous comprenons ainsi pourquoi il est écrit dans le Yessod vechorech haavoda que la joie de Chavouot doit dépasser celle de toutes les autres fêtes !
Profitons par cette occasion de féliciter l’excellente initiative de Mme Carole Tidghi de diffuser à grande échelle les paroles de Torah de façon agréable.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une excellente fête de
Chavouot et surtout bonne étude !
Edito
Rav Nataniel Wertenschlag
Jérusalem