Sheva berahot

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Les 7 Berahot
Leur sens profond

Le vin

Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui crée le fruit de la vigne.

Les sept bénédictions qui attirent des bénédictions divines pour l’ensemble de la vie conjugale du couple commencent par une bénédiction sur une coupe de vin.

Bien que chacun projette une certaine personnalité, le vin a la capacité de révéler la personne derrière la façade, les éléments cachés de cette personnalité. Après avoir bu un verre de vin, les gens ont tendance à révéler leur personnalité sous-jacente, pour le meilleur ou pour le pire. Voilà une métaphore bien appropriée au mariage, lorsque deux âmes soeurs sont chacune résolue à accepter l’autre sans conditions ; non seulement la personnalité projetée par l’autre, mais aussi les éléments cachés et inconscients de son conjoint.

En outre, le vin réjouit le coeur. Mais pour produire cette boisson réjouissante, un raisin doit être écrasé. La vie conjugale est pleine de moments écrasants, la clé étant de surmonter ensemble les difficultés, ce qui conduit à de nouveaux niveaux d’amour et de bonheur.

Le but

Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui a créé toutes choses pour sa gloire.

Le couple déclare que son mariage a un objectif plus élevé que la satisfaction de ses propres besoins et désirs.

Le mariage est l’accomplissement de nombreux besoins humains fondamentaux. Il satisfait l’attraction naturelle que les hommes et les femmes éprouvent les uns pour les autres et confère un sentiment de stabilité. Il crée également un environnement approprié pour avoir et élever des enfants.

À ce stade, le couple déclare que son mariage a de fait un objectif plus élevé que le but de satisfaire ses propres besoins et désirs. « Tout a été créé pour la gloire de Dieu », et cet événement ne fait pas exception à la règle.

« Tout a été créé pour la gloire de Dieu », y compris – ou peut-être surtout – la maison juive. Le judaïsme ne prône pas une séparation des pouvoirs où Dieu et la spiritualité seraient relégués à la synagogue et où la maison serait le domaine des ambitions, des loisirs et des priorités personnelles. Cette bénédiction est l’expression de l’intention du couple d’établir un foyer juif fondé sur des valeurs spirituelles. Une maison dont le but sera d’être un bastion de lumière, de Torah et de mitsvot : une maison consacrée à la gloire de Dieu.

L’homme

Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, Créateur de l’homme. Cette bénédiction rend grâce à Dieu pour la création de l’homme, Adam. Elle est associée à la suivante, qui rend grâce à Dieu pour la création d’Ève, permettant ainsi la possibilité du mariage.

Cette bénédiction, cependant, possède aussi un sens profond qui lui est propre. Avant qu’Ève soit chirurgicalement extraite de la chair d’Adam, elle et Adam n’étaient qu’une seule entité, un être unifié. Spirituellement aussi, les âmes de chaque mari et femme étaient à l’origine une entité unique dans le Jardin d’Éden, avant d’être envoyées ici-bas pour habiter les corps respectifs d’un homme et d’une femme. La capacité à fusionner physiquement et émotionnellement un être masculin et un être féminin, de faire que deux deviennent un, découle de l’état d’unité originelle de leurs âmes. Cette bénédiction, qui fait allusion au moment où l’homme et la femme étaient encore une seule entité, est destinée à évoquer la connexion de leurs âmes dans le cadre de cette union physique.

La femme

Béni sois-tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui a créé l’homme à son image, à l’image de Sa ressemblance [Il a façonné] sa forme, et a préparé pour lui de son propre être un édifice éternel. Béni sois-tu, Éternel, Créateur de l’homme. Cette bénédiction rend grâce à Dieu pour l’excitation et le mystère créés en réunissant deux personnes aux tempéraments différents Le Créateur ne s’est pas suffi d’un androgyne Adam/Ève. Au lieu de cela, il divisa l’entité d’origine en deux, puis « prépara pour Adam de son propre être un édifice éternel ». Cette bénédiction rend grâce à Dieu pour la dynamique du mariage qu’Il a conçu en créant deux entités, pour l’excitation et le mystère créés en réunissant deux personnes avec des tempéraments, des manières d’être et des psychés différents. La bénédiction suivante présente l’avantage de ce type d’union.

Jérusalem

Puisse la stérile [Jérusalem] se réjouir et être heureuse au rassemblement de ses enfants en son sein dans la joie. Béni soistu, Éternel, qui égaye Sion avec ses enfants.

Dans un sens simple, nous invoquons la mémoire de Jérusalem d’après la maxime : « Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service ! Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens pas de toi ; si je ne pense pas à Jérusalem lors de ma plus grande joie. »
En outre, après avoir exprimé l’intention du couple d’établir une maison dédiée à accroître la gloire de Dieu et de permettre à la connexion de leurs âmes d’imprégner leur union, nous mentionnons le corollaire de leur engagement. Chaque foyer juif est un point de lumière éblouissante. Tous ces points de lumière se combinent pour chasser toutes les forces des ténèbres, en ouvrant la voie à la Rédemption, lorsque Jérusalem se réjouira du rassemblement de ses enfants. Sur le plan mystique, la référence à Jérusalem comme étant « stérile », suivie de la mention de ses enfants, est une métaphore pour les différentes étapes de la relation d’un couple.

À l’origine, les deux étaient un, apparemment un état idéal. Et « ils » étaient stériles. Le potentiel d’avoir des enfants est seulement arrivé après qu’Ève fut séparée d’Adam. Notre capacité à produire et à accomplir est le résultat de notre aliénation et des luttes liées à l’effort d’imprégner deux opposés de leur unité sousjacente cachée.

La joie

Accorde une joie abondante à ces amis aimants, comme Tu accordas la joie à Ton être créé dans le jardin d’Éden des origines. Béni sois-tu, Éternel, qui réjouit le marié et la mariée.

Un mariage juif crée un lien entre toutes les générations passées et toutes les générations futures. Les émotions ne peuvent pas être ressenties par les sens physiques, mais elles ont certainement un impact sur le comportement physique des gens et se retrouvent exprimées à travers celui-ci. Ce sont elles qui déterminent si les gens marchent d’un pas leste et enlevé ou misérablement courbés. Les émotions joyeuses sont exprimées par la danse; une personne naturellement heureuse « danse de joie ».

Il existe deux sortes générales de danses, chacune exprimant un niveau de joie différent. Il y a la danse chorégraphiée qui se compose de différents pas et mouvements. Tous les participants suivent un même rythme et leurs pas sont déterminés par les règles particulières à cette danse.

Et puis, il y a la danse qui n’est pas du tout chorégraphiée. Lorsque le roi David amena pour la première fois l’Arche de l’Alliance à Jérusalem, il est décrit comme « sautant et dansant » joyeusement. La joie débridée qui le pénétrait à ce moment ne lui permettait pas de limiter ses mouvements aux pas orchestrés d’une danse donnée. Tout son être dansait et sautait. Si les danses chorégraphiées sont aussi belles qu’agréables, et sont un élément de base de tous les mariages, la joie intense ressentie lors d’un mariage est exprimée dans les cercles de « danse libre » qui caractérisent les mariages juifs traditionnels.

Toute personne juive est une partie du grand corps juif, un corps qui comprend toute les âmes juives à travers les générations. Un mariage juif crée un lien entre toutes les générations passées et toutes les générations futures. Ainsi, chaque mariage juif est un événement historique et mémorable, non seulement pour le couple et sa famille, mais aussi pour la communauté en général. Ceci est démontré par la participation de tous les invités dans la danse et le chant : chaque individu se ressentant à juste titre comme faisant intégralement partie de cette occasion mémorable.

La compétence et au-delà

Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui a créé la joie et le bonheur, le marié et la mariée, la félicité, la jubilation, l’allégresse et le plaisir, l’amour et la fraternité, l’harmonie et l’amitié. Éternel notre Dieu, que l’on entende rapidement dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem le son de la joie et le son du bonheur, le son d’un jeune marié et le son d’une jeune mariée, le son de l’exultation des jeunes mariés de sous leur dais nuptial, et des jeunes gens de leurs joyeux banquets, béni sois-Tu, Éternel, qui réjouit le marié avec la mariée.

Cette bénédiction est caractérisée par deux nombres : dix et cinq.

La bénédiction emploie dix adjectifs pour décrire l’atmosphère qui, nous l’espérons, pénétrera le foyer des jeunes mariés :

  1. Joie
  2. Bonheur
  3. Félicité
  4. Jubilation
  5. Allégresse
  6. Plaisir
  7. Amour
  8. Fraternité
  9. Harmonie
  10. Amitié

Dix est un numéro complet. Le plan de la création est la Torah, dont l’essence est contenue dans les Dix Commandements. En conséquence, le monde a été créé avec dix blocs de construction : les dix attributs divins (sefirot) – qui se sont manifestés dans les Dix Paroles avec lesquelles Dieu a créé le monde.
La bénédiction de clôture des Chéva Berakhot souhaite à la mariée et au marié une vie de bonheur parfait. Un bonheur qui imprègne tous les aspects de leurs êtres.
Le nombre cinq représente le divin qui transcende totalement la création. Mais la complétude ne suffit pas. La bénédiction se poursuit avec l’énumération des cinq « sons » ; cinq étant un nombre qui symbolise la transcendance de la perfection.

Le monde a été formé en utilisant quatre éléments de base : le feu, l’air, l’eau et la terre. La création est subdivisée en quatre catégories : la race humaine, le joyau de la couronne de la création ; le règne animal ; le monde végétal ; toutes les créatures inanimées. La nature quadruple de la création se manifeste aussi dans de nombreux autres domaines, comme les quatre saisons et les quatre directions. Ce thème numérique est le résultat de la force qui maintient le monde : les quatre lettres du Tétragramme.

Le numéro cinq représente le divin qui transcende totalement la création. L’âme juive est le reflet de cette idée, contenant quatre niveaux qui expriment sa propre identité, puis un cinquième niveau, la Yé’hida, qui est le noyau divin de l’âme.

Le mariage est lorsque les âmes de la mariée et du marié atteignent finalement la complétude – dix – et ensuite utilisent cet accomplissement comme un tremplin pour puiser dans l’essence divine de leurs âmes et du monde en général – cinq – qui est infiniment plus élevée que toute complétude que de simples créatures peuvent atteindre par leurs propres moyens.